une relation de couple harmonieuse vue au travers de la phylogenèse
Comprendre les comportements humains à travers la phylogenèse et l’évolution
Dans la longue histoire du genre animal, ce sont ceux qui ont appris à collaborer et à improviser efficacement qui l’ont emporté. (Charles Darwin )
La phylogenèse est une branche de la biologie qui étudie les relations évolutives entre les organismes vivants et leur histoire évolutive à travers le temps. Nous sommes des mammifères, et lorsque j’observe nos réactions je suis constamment troublé par nos réactions dans le cadre de relations interpersonnelles et les similitudes de comportements avec des primates dans la forêt. Dans ce contexte, la phylogenèse aide à comprendre certaines de nos réactions en fournissant un contexte évolutif pour notre comportement et notre biologie. En examinant l’évolution des êtres humains et de nos ancêtres, ainsi que la manière dont nos traits et comportements se sont développés et adaptés au fil du temps, nous pouvons mieux appréhender les raisons sous-jacentes de certaines de nos réactions et comportements.
En étudiant les liens évolutifs entre les humains et les autres primates, les chercheurs ont identifié des comportements similaires ou partagés qui pourraient avoir une base génétique ou être le résultat de pressions évolutives similaires. Ces comportements partagés pourraient inclure des réactions sociales, comme les comportements de coopération ou de compétition, ou des réponses émotionnelles, comme la peur ou l’attachement.
En comprenant les pressions évolutives qui ont façonné notre espèce, vous pouvez mieux saisir certaines de nos réactions qui semblent irrationnelles ou contre-productives dans le contexte moderne. Par exemple, nos réactions de peur ou de stress face à des situations potentiellement dangereuses peuvent être le résultat de mécanismes de survie hérités de nos ancêtres qui vivaient dans des environnements où de telles réactions étaient essentielles pour éviter les menaces.
Les comportements de coopération sont couramment observés dans les relations de couple, où les partenaires travaillent ensemble pour résoudre des problèmes et atteindre des objectifs communs. Cette coopération peut être une manifestation de notre héritage évolutif en tant que mammifères sociaux, comme le montrent des études menées sur des primates non humains (Tomasello & Call, 1997). La coopération entre les partenaires peut renforcer la relation et favoriser la résolution de conflits, contribuant ainsi à une relation plus harmonieuse.
Cependant, les comportements de compétition peuvent également survenir dans les relations de couple, bien qu’ils soient généralement moins bénéfiques pour la relation. La compétition peut être liée aux pressions évolutives pour rivaliser avec les autres afin d’assurer la survie et le succès reproductif, comme observé chez les primates (Silk, 2007). Cette compétition peut parfois se manifester dans les relations de couple, bien que cela ne soit généralement pas bénéfique pour la relation. Les conjoints peuvent se sentir en compétition pour des raisons telles que le statut social, le succès professionnel ou l’attention des autres. Il est important pour le couple de reconnaître et d’aborder les sentiments de compétition lorsqu’ils surviennent, afin de maintenir une relation saine et équilibrée. La communication ouverte, l’écoute empathique et le soutien mutuel peuvent aider les conjoints à surmonter ces sentiments et à se concentrer sur la coopération et la croissance partagée. Il est essentiel de se rappeler que la réussite, qu’elle soit professionnelle, personnelle ou autre, ne doit pas être perçue comme une menace pour la relation, mais plutôt comme une occasion de grandir ensemble et de renforcer la connexion entre les partenaires. En adoptant une attitude coopérative et empathique, les couples peuvent soutenir et célébrer les réalisations de chacun, tout en maintenant l’équilibre et l’harmonie dans leur relation
Les réponses émotionnelles, telles que l’attachement et la jalousie, jouent également un rôle important dans les relations de couple. L’attachement, qui se manifeste par des câlins, des contacts physiques et du soutien émotionnel, est un comportement clé chez les humains et d’autres mammifères (Bowlby, 1969). Cet attachement renforce la connexion émotionnelle entre les partenaires et contribue à la stabilité de la relation. D’un autre côté, la jalousie est une réaction émotionnelle qui peut survenir en réponse à la perception d’une menace pour la relation. Des études menées sur les primates non humains montrent que la jalousie peut se manifester sous la forme de rivalité ou de comportements agressifs envers les rivaux potentiels (Hart & Sussman, 2009). Comprendre et gérer ces émotions est essentiel pour maintenir une relation saine.
la communication, notamment non verbale, est un aspect crucial des relations de couple. Cette notion que la majorité de notre communication est non verbale est liée à une étude menée par le psychologue Albert Mehrabian dans les années 1960. Selon Mehrabian, la communication est composée de 7% de mots (verbal), 38% de ton de voix (vocal) et 55% de langage corporel (non verbal) (Mehrabian, 1971). Les humains et les primates partagent une capacité à utiliser la communication non verbale pour exprimer des émotions et des intentions (de Waal, 2003). Dans le contexte des relations de couple, la communication non verbale peut inclure des gestes, des expressions faciales et des postures. Une communication efficace, qu’elle soit verbale ou non verbale, est essentielle pour résoudre les problèmes et développer une compréhension mutuelle entre les partenaires.
Les mammifères, y compris les humains, sont capables d’empathie, c’est-à-dire de comprendre et de partager les émotions des autres (Preston & de Waal, 2002). L’empathie est une compétence essentielle pour les relations harmonieuses, car elle permet aux partenaires de se mettre à la place de l’autre, de comprendre leurs besoins et de réagir de manière appropriée (Decety & Meyer, 2008).
Les mammifères, en particulier les primates, montrent des comportements d’altruisme réciproque, où un individu aide un autre dans l’attente d’un retour d’ascenseur à l’avenir (Trivers, 1971). Chez les humains, cet échange de soutien et d’aide mutuelle renforce les liens sociaux et relationnels (Nowak & Sigmund, 2005). Dans une relation de couple, l’altruisme réciproque peut se traduire par un soutien émotionnel, financier et pratique, contribuant à l’harmonie (DePaulo & Fisher, 1980).
Les mammifères, en particulier les primates, présentent un attachement parent-enfant fort, qui est essentiel pour la survie et le développement de la progéniture (Bowlby, 1969). Chez les humains, ce type d’attachement s’étend également aux relations de couple (Hazan & Shaver, 1987). Un attachement sécurisé entre les partenaires peut créer un environnement de soutien, de confiance et de sécurité, favorisant ainsi une relation harmonieuse (Mikulincer & Shaver, 2007).
Chez certains mammifères, y compris les humains, les deux parents s’occupent de la progéniture, ce qui favorise la survie et le développement des petits (Clutton-Brock, 1991). Dans les relations humaines, le partage des responsabilités parentales et des tâches ménagères peut aider à maintenir l’équilibre et l’harmonie (Carlson, Pilkauskas, McLanahan, & Brooks-Gunn, 2011).
Les mammifères, en particulier les primates, ont développé des mécanismes de résolution de conflits pour maintenir la cohésion sociale (de Waal, 2000). Les humains, en tant qu’espèce sociale complexe, ont également développé des compétences avancées de résolution de conflits, telles que la communication, la négociation et la médiation (Pruitt & Rubin, 1986). Ces compétences sont cruciales pour maintenir l’harmonie dans une relation de couple (Gottman, 1994).
Bien que la monogamie ne soit pas universelle chez les mammifères, elle est présente chez certaines espèces, y compris les humains (Kleiman, 1977). La monogamie peut être bénéfique pour la stabilité des couples, car elle implique un investissement à long terme dans la relation et la progéniture (Opie et al., 2013). Cependant, il est important de noter que différentes cultures et individus adoptent différentes formes de relations, et la monogamie n’est pas la seule voie vers l’harmonie.
Dans cet article, j’ai exploré les relations interpersonnelles, en particulier les relations de couple, à travers le prisme de la phylogenèse. Cette approche offre un cadre précieux pour examiner et comprendre nos réactions et comportements à la lumière de notre histoire évolutive. En tenant compte des pressions évolutives et des relations de parenté avec d’autres organismes, notamment les primates, nous pouvons mieux saisir les raisons sous-jacentes de certaines de nos réactions et comportements dans les relations interpersonnelles
Les espèces qui survivent, ce ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes. Ce sont celles qui s’adaptent le mieux aux changements. (Charles Darwin)
Références:
- Bowlby, J. (1969). Attachment and loss: Attachment (Vol. 1). Basic Books.
- Carlson, M. J., Pilkauskas, N. V., McLanahan, S. S., & Brooks-Gunn, J. (2011). Couples as partners and parents over children’s early years. Journal of Marriage and Family, 73(2), 317-334.
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- de Waal, F. B. M. (2000). Primates—A natural heritage of conflict resolution. Science, 289(5479), 586-590.
- Decety, J., & Meyer, M. (2008). From emotion resonance to empathic understanding: A social developmental neuroscience account. Development and Psychopathology, 20(4), 1053-1080.
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- Silk, J. B. (2007). The adaptive value of sociality in mammalian groups. Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 362(1480), 539-559.
- Mehrabian, A. (1971). Silent messages. Wadsworth Publishing Company.
la communication est composée de 7% de mots (verbal), 38% de ton de voix (vocal) et 55% de langage corporel (non verbal) !!! Je n’imaginais pas que le % de la communication verbale puisse être aussi faible …
Mais je vais m’attacher quand même à parler plus, l’autre n’est pas devin..
Excellente remarque : l’autre n’est pas devin 🙂 mais il lit le langage non verbale…donc oui il faut communiquer afin d’éviter les quiproquos d’une communication passant par l’inconscient et qui n’est pas désirée.